des artistes de différents endroits du monde partagent leurs expériences d'écoute et de pratique des musiques improvisées, expérimentales, inclassables.

6 novembre 2006

Robin Hayward, solo tuba, Lieux Communs, Montreuil, le 05/11/06



Il y a sans doute toujours une bonne raison de ne pas se rendre à un concert de musique expérimentale. Ce soir, à défaut du prix - le concert était gratuit - c'est sûrement le froid qui aura été invoqué. Nous étions donc 6 à écouter Robin Hayward pour deux courtes improvisations au tuba. Comme à son habitude, Hayward était assis de profil. Cette position n'est pas anodine chez le musicien, elle lui permet de donner à entendre "directement" les sons produits, c'est-à-dire avant que ces derniers ne soient réfléchis par les murs de l'espace où ils se propagent. Ces sons ne peuvent être émis à haut volume, au risque de perdre leur spécificité. De plus cette position permet à Hayward, tel qu'il l'explique dans son interview du n° 89 de Musicworks, de jouer sur les interférences produites sur le souffle par l'eau qui s'emmagasine dans les valves de l'instrument, ou encore de s'effacer derrière le pavillon protubérant de son instrument afin de supprimer en partie le "spectacle" du corps du musicien qui ne pourrait que perturber l'attention à la seule musique.
La première pièce nous fit ainsi entendre les détails de la salive qui se perd dans la tuyauterie complexe du tuba. La seconde, davantage inscrite dans une approche formelle et également bien plus intéressante à nos oreilles, consistait en une série de jeux de souffles tenus, dont la variation des granulations se mariait de manière particulièrement heureuse avec les infrabasses de la chaussée, que la porte principale restée ouverte laissait passer en même temps qu'une dose supplémentaire de froid. Ce heureux hasard ne doit cependant pas nous faire oublier qu'une musique ne peut prendre tout son intérêt que dans un lieu qui lui est approprié, en l'occurrence non pas un entrepôt mais un lieu de taille réduite, à l'instar de la musique produite et du public présent.

7 Comments:

Blogger Stefane said...

merci pour le compte rendu et heureux que ce blog commence à vivre :)

06 novembre, 2006 13:49

 
Blogger savonaroll said...

Yes milles Mabrouk à toi Stef et à la charmante Laetitia

07 novembre, 2006 15:50

 
Blogger savonaroll said...

Paris est une ville ingrate. Le publique peut etre nombreux à l'occasion mais jamais de manière régulière. Hier encore à Schnack + Michel Waiswisz on etait une petite dixaine.
Il faut dire que la "scène" ici est trés faible, avec peu de gens veritablement investis, pas vraiment de noyau dure, aucune solidarité entre musicien qui ferait que meme dans un concert ignoré d'un plus grand public il y'aurait tout de meme un minimum incompressible de spectateurs.
Je penses que c'est en effet un phénomène proprement parisien. Ville froide et cruelle au possible, apologétique de l'égoïsme et de l'oubli...

12 novembre, 2006 20:42

 
Blogger Stefane said...

tu exagères on devait bien être une petite quinzaine ;-)
et à quinze on peut déjà créer une équipe de rugby !

12 novembre, 2006 21:23

 
Blogger laetitia shudman said...

mais faut 2 équipes pour pouvoir jouer. Une équipe seule ne peut que s'entraîner.
Cela étant concernant Hayward, le public réduit était particulièrement adapté, puisqu'il est nécessaire pour écouter sa musique de se positionner au plus près de l'instrument et dans l'axe du pavillon.

13 novembre, 2006 12:29

 
Blogger Stefane said...

@ Savonaroll : est-ce à dire que dans d'autres grandes capitales du monde il y a un public régulier plus nombreux, je doute...
ce blog pourra peut-être nous permettre de poser un constat de visu de cette question avec les témoignages des autres contributeurs.
je l'espère :)

14 novembre, 2006 01:01

 
Blogger savonaroll said...

Me suis en effet avancé unpeu vite en fait je ne sais pas quelle est la situation dans d'autres capitales.

14 novembre, 2006 14:54

 

Enregistrer un commentaire

<< Home