des artistes de différents endroits du monde partagent leurs expériences d'écoute et de pratique des musiques improvisées, expérimentales, inclassables.

1 mars 2008

The Great Snowball Tour'08, un aperçu des lieux

Du 8 au 25 février j'ai effectué une tournée aux USA (The Great Snowball Tour'08) avec Jack Wright, Andrea Neumann et Wade Matthews (Portland & Seattle). Sur le chemin nous avons joué avec d'autres invités et changé d'endroit presque tous les jours. Voici quelques clichés des lieux où nous avons joué durant la tournée. Ces photos, prises avec mon téléphone portable, sont de piètre qualité mais elles ne sont là que pour témoigner de la diversité des lieux qui nous ont été proposés.

Vendredi 8 février, j'arrive à New-York aéroport de Newark, le ciel est bien dégagé et je peux admirer durant la descente l'impressionnante Manhattan. Nous partons directement à Easton en Pennsylvania dans la maison de Jack.

Samedi 9 février, nous allons chercher Andrea Neumann à l'aéroport de Philadelphia. Elle reste bloquée presque 2h30 au contrôle parce que l'administration américaine est tout simplement très lente ce jour là ! Nous devons rouler très rapidement pour rejoindre Baltimore, ville du premier concert de la tournée. Nous jouons au RedRoom, une pièce toute rouge à l'intérieur d'une célèbre librairie de livres d'occasion et de disques de tous genres.

la librairie


la salle rouge dite RedRoom, à Baltimore. L'acoustique est bonne et l'espace très convivial et chaleureux. L'audience est aguerrie.

Je joue un trio avec Bonnie Jones (élec.) et Paul Neidhardt (perc.) et un trio avec Andy Haylek (perc. et scie) et Andrea Neumann (cadre de piano, table de mixage). Tous présents sur la photo.

Dimanche 10 février, après une nuit à Baltimore nous partons jouer à Washington DC, la capitale administrative des USA. Nous jouons dans un club, Le Velvet Lounge, principalement dédié aux musiques rock.

le Velvet Lounge, n'est pas très grand et se présente sur deux étages. En bas le bar et en haut la salle de concert. Il y fait froid...

Nous attendons dans le bar l'arrivée de l'ingé-son. Nous allons jouer avec les musiciens de la veille, comme vous pouvez le constater.

La salle de concert pas adaptée à la diffusion électroacoustique nous vaut quelques tensions avec le technicien pas du tout sensible à nos besoins. Il a fallut beaucoup de calme et de tact pour obtenir de jouer au sol devant les speakers. L'acoustique sur la scène est déplorable mais dans la salle ont peut espérer une amélioration notable. Le public est peu nombreux et réceptif.

Je joue un trio avec Jack et Andy, un court solo de 10 mn et pour finir le sextet avec Jack, Andrea, Bonnie, Andy et Paul.


Lundi 11 février, nous remontons en voiture à New-York pour jouer dans le loft d'un photographe. L'ambiance est très familiale et amicale, excellente cuisine de maison, enfants qui vadrouillent...

L'entrée du Fotofono, à Brooklyn NY. Le loft est au premier étage.

La salle où nous jouons avec comme invités Bryan Eubanks (élec.) et Tucker Dulin (tromb.). L'acoustique est celle d'une chambre standard, plutôt agréable à jouer. On sent un public surtout spécialiste.

Je joue un court solo de 20 mn et un quartet avec Jack, Andrea et Bryan.

Mardi 12 février, je dors chez Bryan dans Brooklyn. La journée, nous visitons un musée avec Andrea et le soir Wade Matthews (laptop) nous rejoint pour un concert dans la Safe-T-Gallery.

Cette galerie est située dans un immense bâtiment rempli d'autres... galeries ! L'espace n'est pas très grand et c'est pour eux le lancement d'une série de concerts expérimentaux. Une première en somme... Ce soir là une tempête de neige souffle sur New-York qui se drappe d'un épais manteau blanc (cf photo tout en bas).

D'autres musiciens nous rejoignent, Andrew Drury (perc.) et Gregory Reynolds (sax ténor).

Pendant l'installation nous sommes dérangés par le déclenchement d'une alarme à incendie qui nous oblige à quitter les lieux, puis à y revenir. Le chalumeau d'un ouvrier qui travaille dans une galerie au même étage en est la cause... Le son est bon comme dans un cube de béton. L'audience est réduite et plutôt familière.

Je joue un trio avec Jack et Andrea. L'alarme à incendie se déclenche pendant le concert.

Mercredi 13 février, c'est le grand saut vers l'ouest. Nous partons avec Wade pour notre série de concerts sur la West Coast. Direction Seattle et son festival qui est aussi notre point de chute. Nous voyageons avec des compagnies aériennes différentes et partons de terminaux disjoints. Le temps sur New-York bouleverse l'horaire de mon vol. Il est retardé de 3 heures ! Coups de téléphone... attente interminable. Etude des comportements sociaux américains. Finalement le départ arrive. Avion d'un total inconfort et obligation de payer la bouffe et la visionneuse de films. Il ne me reste donc plus qu'à dormir plus de trois heures. Le vol de 5h30 me paraît finalement assez court. J'arrive à minuit au lieu de 21h. Et "heureusement", Wade ayant subit le même désagrément, nous nous retrouvons tous avec Gust Burns, le responsable du festival de Seattle, aux manèges à bagages. Nous dormons chez l'habitant, un couple dont la femme, Shawn, doit nous conduire le lendemain à l'aube prendre le train de 7h 30 pour Portland.

Jeudi 14 février, réveil donc à 6h30, Shawn conduit un pick-up blanc. Nous déposons tout le matériel de Wade à l'arrière et nous nous serrons comme des sardines sur l'unique siège à l'avant ! Shawn roule très lentement, et malheureusement beaucoup trop, si bien que nous arrivons très juste à la gare de Seattle. La guichetière ne retrouvant pas les informations concernant nos réservations pré-payées, nous fait rater définitivement le départ du train et repayer par la même occasion d'autres billets... Seulement 4 heures à attendre avant le prochain train ! Nous déboulons finalement à Portland autour de 16h.

Jonathan Sielaff, l'organisateur du concert venu nous chercher à la gare nous conduit à l'hotel puis à la galerie. Le concert initialement prévu au Portland Art Center est déporté dans une petite salle, la galerie New American Art Union.

Wade s'installe en attendant les autres musiciens, Jean-Paul Jenkins (g.) et Matt Hannafin (perc.). La salle tout en longueur est haute et le son est très bon. Le public n'est pas très nombreux et très réceptif.

Je joue en duo avec Wade puis en quartet additionné de Matt et Jean-Paul.

Vendredi 15 février, Jonathan nous reconduit à Seattle en voiture car il participe également au Seattle Improvised Music Festival du 15 au 17.

• Vendredi 15 et Samedi 16 février, les deux premiers soirs du festival se passent au Good Shepherd Center. Une énorme bâtisse historique qui jadis était paraît-il une maison de correction pour jeunes filles.

Les concerts ont lieu dans cette très grande salle à l'acoustique étonnement assez mat et trompeuse, la Chapel Performance Space. Le public est conséquent, habitué mais assez indulgent.

Le premier soir je joue un solo, et le second soir je joue un duo avec Gust Burns (piano) et un autre duo avec Wade Matthews (laptop).

Dimanche 17  février, les concerts ont lieu dans la petite Gallery 1412 qui a accueilli le samedi précédent un workshop de Wade.

Installation des musiciens après une balade dans le port, le front de mer et l' Olympic Sculpture Park de Seattle. La salle est tout en long avec une scène ridicule au fond. L'acoustique n'est pas très bonne. Le public est nombreux et toujours aussi indulgent en apparence !

Je joue en quartet avec Wade, Chris DeLaurenti (tr. et élec.) et Tyler Wilcox (sax ténor).

le compte-rendu subjectif d'un auditeur en suivant ce lien

Lundi 18 février, je laisse Wade à sa destinée solitaire pour repartir à l'est. Levé à 5h30, Shawn, me conduit cette fois-ci sans aléa à l'aéroport. J'ai le temps d'appeler Beyrouth pour souhaiter un joyeux anniversaire à mon fils. Il a 4 ans aujourd'hui et je suis si loin ! Il est malade, il ne veut pas me parler... Le ciel est totalement dégagé si bien que pendant presque la moitié du vol je peux sans me lasser admirer la Terre qui compose une œuvre picturale abstraite faites du mélange des teintes de brun du sol agricole et des couches stratifiées de neige immaculée. Le blanc semble être étalé à grands coups de pinceaux. Les lignes de démarcations des champs forment des figures géométriques variées, les couches de glace des rivières et des lacs apportent leurs teintes de transparences contrastées. Les constructions font autant de petites tâches parallélépipèdiques. A l'approche des grands lac le ciel s'obscurcit de gris et de gros nuages masquent la continuité de cette œuvre sans fin. L'atterrissage se fait dans des conditions climatiques pourries, je crois bien que l'avion a d'abord touché d'une roue avant de poser les autres et de tanguer de droite et de gauche, secoué par les bourrasques de vent. "Je crois qu'on peut féliciter le pilote" nous a fébrilement conseillé l'hôtesse de l'air tout en reprenant son souffle ! Ensuite direction Easton par le bus pour retrouver Jack et Andrea et achever le Snowball Tour'08.

Mardi 19 février, en route vers Princeton où nous attend Seth Cluett (tapes rec, élec.) qui organise au sein du Terrace Club Princeton University une série annuelle de concerts.

L'espace est contigu à la cafétéria et au resto U. Il est cossu, tout en boiseries et canapés de cuir. On s'attend à voir arriver de très nombreux(ses) étudiant(e)s curieux(ses) mais nous y avons eu peut-être notre plus réduite audience. Le son est très bon.

Je joue un duo avec Seth et en quartet rejoint par Jack et Andrea.

Mercredi 20 février, journée de repos. La neige est tombée depuis la veille sur presque 30 cm d'épaisseur. Nous sommes rentrés à Easton. Andrea propose d'emprunter des films. Nous regardons un vieux film iranien "The cow", et le documentaire "The Lost Boys of Sudan".

Jeudi 21 Février, c'est le dernier concert pour Andrea. Nous nous rendons à Philadelphia jouer dans la Gershman Y Borowsky Gallery.

Andrea installe son cadre de piano pour son ultime concert du Snowball Tour'08.

L'espace n'est pas très bien adapté à la musique du fait d'un mur de séparation qui le coupe en deux et nous oblige à avancer dans la salle. On se retrouve avec un espace, à moitié vide et à moitié plein, dans le dos. Le bruit de la rue et des visiteurs ne rendent pas le lieu totalement silencieux. L'audience est plutôt familière.

Je joue un trio avec Jack et Andrea.

Vendredi 22 février, la nuit passée à Philadelphia dans la Spring Garden House de Jack, nous déposons Andrea à l'aéroport. Nous nous quittons ravis mais nostalgiques de l'instant privilégié que nous venons de partager tous les trois. Nous poursuivons avec Jack notre périple et repartons à Easton pour un concert dans la Connexion Gallery.

La galerie est une sorte de fourre tout de tableaux, d'objets d'artisanat, de poteries. Nous jouons dans une sorte d'arrière salle exiguë derrière la vitrine du fond. L'ambiance est très amicale, nous partageons un repas fait maison.

Pour l'occasion Reuben Radding (contrebasse) se déplace de New-York. Un gros chat roux est couché dans un des fauteuils. Le concert sera vraisemblablement très intimiste. L'acoustique n'est pas trop mauvaise. Le public principalement constitué d'amis est très réduit.

Je joue deux trios avec Reuben et Jack et un duo avec Reuben.

Samedi 23 février, c'est notre dernier concert du Snowball Tour'08 avec Jack et nous allons jouer à Kutztown dans la Eckaus Gallery

Le lieu favorise principalement la diffusion des pratiques expérimentales. L'audience est nombreuse et très jeune. Majoritairement des étudiant(e)s en art contemporain venu(e)s de l'université de la ville. L'acoustique n'est pas excellente mais l'écoute est relativement bonne.

Je joue un duo avec Jack.

Dimanche 24 février, je fais mes adieux à Jack. Le travail qu'il a accompli pour l'organisation de ces concerts est formidable. L'énergie qu'il met à diffuser partout où la musique peut sonner et être écouter est respectable. C'est un des principaux activistes de l'expérimentation artistique aux USA.

En marge de ce tour, je retourne à New-York pour deux derniers jours de concerts avec Bryan Eubanks (élec.). Nous nous retrouvons à la New-York Public Library et marchons jusqu'à Columbia University en empruntant Broadway. Une longue marche dans Manhattan pour sentir la mutation de la ville; du centre des affaires avec ses vertigineux buildings vers les immeubles d'habitations résidentiels.

La radio WKCR de la Columbia University m'a invité à venir jouer un solo dans leur studio. Je dois dire que cette perspective m'excite énormément. J'adore la radio et ce contexte particulier de la diffusion réellement acousmatique. L'équipe est composée d'étudiants jeunes et très efficaces. J'ai convié Bryan à me rejoindre pour une session complémentaire en duo. La pièce est assez bordélique, tout semble d'un autre temps; vieux magnéto à bandes Studer, canapé défoncé, piano en piteux état. Mais contre toute attente l'acoustique est très bonne.

Je joue un solo et un duo avec Bryan Eubanks.

Lundi 25 février, c'est le dernier concert, il est programmé à la Knitting Factory, en plein Manhattan.

Dans la journée je retrouve Dave Gross (sax alto) devant la Downtown Music Gallery. Un marchand de disques de jazz et de musique improvisée très réputé et qui régulièrement accueille des concerts dans l'exiguïté de son espace. Nous faisons d'abord un peu le tour du quartier puis décidons d'aller à pieds jusqu'à la Knitting Factory. Nous en profitons pour traverser Chinatown, flâner et discuter d'art, de rock, de philosophie du son et refaire le monde de la musique expérimentale... en buvant des coups.

La Knitting Factory est une usine à gaz ! Plusieurs niveaux et des concerts partout en même temps. Ce qui pose quelques soucis de cohabitation entre les genres. Beaucoup plus axé sur le rock et le jazz, le lieu a progressivement délaissé les musiques improvisées et il semble que ce soir nous fassions le dernier concert de ce genre.

Nous jouons dans la salle la plus en sous-sol. Comme terrée on fond d'un trou sous un plafond assez bas et une acoustique affreuse. Le son à peine émis se vautre littéralement à nos pieds.
L'ossature de l'immeuble vibre des résonances drum & bass du concert de rock deux étages plus haut... Mais nous sommes très motivés à ne pas nous laisser abattre. Dave ne résiste pas à ce mettre à la batterie qui trône sur la toute petite scène en attendant les autres musiciens, Tucker Dulin (tromb.), Andrew Lafkas (contrebasse), Bryan Eubanks (élec.) et Barry Weistblat (élec.).

Je joue un duo avec Dave Gross et un quintet avec tous les autres.

Mardi 26 février, je passe la nuit chez Bryan et reprend l'avion du soir direction Paris où je vais rester quelques temps avant de rentrer à Beyrouth.


• BONUS :

Downtown Music Gallery.


New-York-Manhattan sous la neige.


Le pont de Brooklyn.


La très talentueuse et sympathique Andrea Neumann à Philadelphia. J'espère bien ne pas avoir a attendre trop longtemps avant que nous rejouions ensemble.


L'énergique et très engagé Jack Wright, que je suis certain de retrouver avec plaisir un jour en vadrouille en Europe, ni jamais trop loin de ma porte !


Mon grand ami Wade Matthews qui sera toujours pour moi un partenaire privilégié.


Et enfin, Bryan Eubanks un excellent musicien et maintenant ami, avec lequel j'ai eu beaucoup de plaisir à jouer. Je ne doute pas que nos routes se croisent de nouveau très rapidement.


Voilà c'est fini...

Je veux ici remercier grandement Gust Burns et Jonathan Sielaff qui a eux deux ont rassemblé les fonds pour payer presque intégralement mon billet et me permettre de faire ce tour mémorable.

2 Comments:

Blogger nayla said...

enfin des nouvelles de ton tour...et quel tour turbulent ! tes photos sont pas mal dutout, et j'avais jamais vu manhattan sous la neige. grand plaisir surtout de revoir jack et wade !

07 mars, 2008 11:30

 
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

07 mars, 2008 11:32

 

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